Je vais commencer cette critique en parlant du fait que ce manhwa est une collaboration entre deux artistes sud-coréen et japonais ! Car si il y a bien quelque chose dont j'ai été surprise en écrivant cet article et en faisant mes recherches : c'est que j'ai appris qu'Ignito était un artiste coréen. J'avoue avoir été attirée par King of eden en connaissant surtout le nom du scénariste et les projets qu'il avait fait avant celui-ci. Mais le fait de savoir que ce "manga" que j'ai dévoré, est en fait un manhwa sud-coréen, ça me réjoui d'autant plus ! Et franchement c'est une super collaboration Japon/Corée du sud.

Bref, note mise à part, parlons du projet plus en profondeur. King of eden est une série très sombre qui reprend les codes des mythes fantastiques pour les associés à un triller puissant et diablement intrigant ! Le scénario nous fait voyager de pays en pays avec une facilité déconcertante, et nous dévoile peu à peu le mystère entourant le virus du "loup" : cette arme biologique destructrice que certains tentent d'utiliser à mauvais escient. Page après page, le lecteur imagine avoir compris ce qu'il se passe, puis finalement tout change de direction et promet des idées plus fantastiques et sombres. À travers des fresques et des éléments d'archéologie, le lecteur est poussé dans une histoire entremêlée de mythes et d'archéologie. On se retrouve devant une revisite habile du mythe du vampire, du loup-garou ou encore la création de la terre avec Adam, Eve et Cain & Abel. C'est judicieux et bien agencé !

Pour ce qui est des personnages, le lecteur est balancé entre un archéologue mystérieux qui a l'air de connaître le virus et y est lié d'une façon ou d'une autre, et un groupe d'enquêteurs à sa poursuite, avec à sa tête une scientifique et archéologue qui connaissait de loin cet étrange personnage. Si le lecteur est surtout balancé entre ces deux personnages importants que sont Teze Yoo (l'archéologue) et le Dr.Itsuki (la scientifique), c'est vraiment interessant de voir le parti prix du projet en n'ayant pas forcement de héros fixe ! Je m'explique, le manhwa débute sur un groupe d'enquêteurs espagnols et nous introduit Teze Yoo comme un personnage secondaire mystérieux. On se retrouve finalement au Maroc par la suite ou on découvre des marchants d'armes parlant du virus, puis encore ensuite à Séoul ou le personnage d'Itsuki est introduit afin de chercher des informations sur le virus et Teze Yoo. Le volume 1 se termine finalement en Mongolie ou l'on suit un personnage mettant en place le virus afin de le tester dans une petite ville assez pauvre. Chaque partie est importante dans l'avancée de la compréhension du mystère, on y découvre plusieurs point de vue : le bien, le mal et une certaine neutralité. On découvre également un lien communiquant entre passé et présent, que ce soit dans les mythes historiques évoqués ou le lien entre Teze et Itsuki. Tout est détaillé de façon à intriguer le lecteur et le tenir en haleine de bout en bout. La fin est d'autant plus frustrante quand on comprend que les choses sont encore plus importantes et qu'elles dépassent l'entendement !

© 2014 by Ignito & Takashi Nagasaki / Haksan

J'aimerais finir de parler du scénario en évoquant le côté très sombre du titre. C'est un manhwa sanglant et sans limite, on y découvre des corps déchiquetés, de la violence et une certaine noirceur scénaristique qui ne plaira pas à tout le monde. Mais honnêtement si vous aimez les histoires qui vont à 100 à l'heure, qui vous laissent sur un mystère à débloquer de page en page et sur une violence choc mais agréablement maîtrisée, jetez-vous sur le titre ! C'est du très bon !

Pour ce qui est du graphisme, j'étais assez mitigée au début. En voyant la couverture, j'ai été tout de suite attirée par le titre, puis finalement j'ai eu un petit coup de mou en voyant l’intérieur. À force d'avancer dans le manhwa, j'ai été de plus en plus convaincue et je me suis retrouvée à apprécier le style. Celui-ci est détaillé et se rapproche du réalisme, chaque personnage est travaillé en fonction de son origine (les différents traits sont reconnaissables), tout comme les décors des différents pays. La mise en page est dynamique et le travail de l'encrage & de la mise en trame permet de bien coller à la noirceur sur scénario. Gros plus sur la violence visuelle et l'effet immédiat que dégage le trait de l'artiste. Franchement, je ne connaissais pas le travail d'Ignito, mais je suis agréablement surprise !

Ensuite finissons sur l'édition de Ki-oon : Le manhwa est au même format que les seinen de la collection (Bride stories, Pandora hearts...etc), la sur-couverture possède des éléments en surbrillance, comme notamment le logo du titre. Si aucun bonus n'est à noter, c'est avec plaisir que le lecteur se voit doté d'une longue introduction en page semi-colorées  (au moins une trentaine de pages, ce qui n'est pas négligeable et apporte un plus graphiquement) ! Globalement c'est une édition sans accros que nous avons là avec un beau travail de mise en page et lettrage, et une superbe impression avec pages couleurs à la clé.

King of eden est mon premier coup de cœur de 2018 avec un titre sombre à souhait et plein de bonnes idées scénaristiques. C'est visuellement très beau et le thème mêlant enquête & mythes est un franc succès que j'ai hâte de voir se développer par la suite ! Je conseille fortement le titre aux amateurs de séries sombres, violentes et mystérieuses !