HISTOIRE | Le mari de mon frère nous raconte l'arrivée de l'étranger Mike Flanagan chez Yaichi et sa fille Kana. Ceux-ci sont japonais et vont découvrir que ce personnage intriguant n'est autre que le mari du frère jumeau décédé de Yaichi. Si celui-ci est assez perturbé par cette rencontre et par le lien que Mike entretenait avec son frère, Kana de son côté est plus qu'intriguée par cet oncle un peu particulier. Mike quand à lui ne pense qu'à une chose, découvrir la famille et les racines de son défunt mari.

L'histoire est assez simple, on suit surtout le cheminement de cette famille pour se découvrir et se comprendre un peu mieux. Yaichi est au début assez peu ouvert face à l'homosexualité et la relation qu'avait son frère avec Mike, il se questionne constamment pour savoir ce qu'il peut ou ne peut pas faire en présence de celui-ci. Il cherche aussi à comprendre la situation tout en ayant un regard très japonais sur la question, malgré tout on voit qu'il reste quand même curieux et qu'il n'est pas forcément rebuté. Sa fille Kana y est pour beaucoup, elle pose sans cesse les questions qu'un adulte n'oserait jamais poser. Des questions finalement taboues sur l'homosexualité que Mike n'hésite pas à expliquer sans détour et avec des mots simples. Kana porte un regard enfantin sur le sujet et ne souhaite que découvrir cette situation que la plupart des gens trouvent "étrange". Elle apprécie d'ailleurs beaucoup Mike et elle est très fière d'avoir un oncle étranger. Yaichi apprend à découvrir le mari de son frère, mais aussi son frère par la même occasion tout au long du volume. Il a coupé les ponds des années auparavant et la découverte de Mike lui permet d'en savoir un peu plus sur la vie que menait son jumeau à l'étranger. Mike aussi en apprend plus sur celui qu'il aimait et sur la vie japonaise qu'il avait avant de partir à l'étranger.

Le lecteur a droit à un regard très doux, familial et facile d’accès sur un thème encore compliqué de nos jours. L’homosexualité est traitée d'une façon assez juste je pense (je ne suis pas assez renseignée sur le sujet pour l'affirmer, mais c'est mon ressenti personnel). Si le thème est le point central du manga, c'est aussi agréable de voir comment japonais et étrangers arrivent à se découvrir. Par exemple j'ai beaucoup aimé la façon dont chacun découvre la culture de l'autre : La famille fait découvrir des lieux et des coutumes japonaises à Mike, et lui de son côté leur fait découvrir la culture de son pays (ex ~ il leur cuisine des macaronis au fromage). Une bonne façon pour faire accepter les différences de chacun.

Le volume 1 se termine sur une autre intrigue du manga : La femme de Yaichi. Tout au long du volume, on se prend à penser que celle-ci est décédé (à cause d'un portrait photo posé dans la maison). Arrivé en fin de volume, on se rend compte que celle-ci est vivante et que de ce fait le couple est : soit divorcé, soit la mère de Kana a dû quitter la famille pour une situation particulière. Ça annonce aux lecteurs un thème supplémentaire qui pourrait être vraiment intéressant / tout comme les interactions que la femme de Yaichi pourrait avoir avec Mike. Le volume 2 nous en dira un peu plus et c'est avec plaisir que je découvrirais la suite !

DESSINS | J'ai eu un peu de mal à m'adapter au style de dessin de Gengoroh Tagame, je l'avoue. Si le graphisme général est maîtrisé et plutôt agréable à l’œil, la façon dont il dessine les corpulences m'a posé problème au début de la lecture. En effet, les corps des personnages sont plutôt en chair / que se soit au niveau des hommes, des femmes ou des enfants, tous sans distinctions. C'est assez perturbant car ça détonne par rapport aux productions manga actuelles (et surtout par rapport à la représentation des japonais) mais finalement on s'y fait assez vite grâce au scénario. J'ai sentis aussi une pointe de fan-service sur certains passages, ça ne m'a pas posé de problème mais j'avoue ne pas avoir trouvé ça très utile vis à vis des différents contextes... Sinon j'ai apprécié les différentes expressions des personnages, en particulier la peur et la tristesse, par contre j'ai trouvé qu'il y avait finalement assez peu de décors pour un seinen !

ÉDITION | L'édition est globalement très chouette ! On a droit ici à un volume agréable à lire avec une bonne prise en main et des bonus ça et là : notamment quatre pages couleurs en début de volume, des notes intéressantes sur l'histoire et la culture gay, une petite note de fin de l'auteur et des illustrations bonus (poilues haha) derrière les rabats de la couverture. La mise en page est de bonne qualité et la couverture fidèle à l'originale. Que demander de plus pour un seinen de ce type ? Rien je pense ! Du très bon boulot d'Akata encore une fois.

Le mari de mon frère se trouve donc être un manga poignant et original qui pose des questions juste sur la famille, l'homosexualité et l'acceptation de l'autre. Pour ma part j'ai été assez enchantée par le traitement du thème, j'ai passé un bon moment de lecture. J'espère que le titre va fonctionner et qu'il en fera réfléchir plus d'un ! Dans tous les cas je vous le conseille, c'est un très chouette Seinen familial.