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MANGA | La fillette au drapeau blanc
• FICHE TECHNIQUE •
LA FILLETTE AU DRAPEAU BLANC
AUTEUR | Saya Miyauchi
d'après la vie de Tomiko Higa
DATE DE SORTIE FR | 12 octobre 2017
GENRE | Shojo (drame - historique - guerre - biographie)
PRIX | 7€95
Avril 1945, Okinawa. Tandis que le Japon est rentré en guerre depuis quelque temps déjà, la petite île tropicale nippone semble encore épargnée par les conflits. C’est là-bas que vit la petite Tomiko, dans la joie et la bonne humeur, malgré l’absence de sa mère. Pourtant, quand les bombardements commencent et que son père doit partir sur le front, son quotidien bascule et ... Désormais, il lui faudra survivre ... Survivre, envers et contre tout !!
Une preview du volume est disponible sur le site d'Akata !
| MON AVIS |
~ ma note • 13/20
J'ai lu et vu énormément de titres traitant de la guerre, de ses horreurs et des situations qui en découlent. La fillette au drapeau blanc m’intéressait donc beaucoup, j'en attendais peut être trop d'ailleurs car le manga m'a semblé finalement assez fade finalement.
La fillette au drapeau blanc est un titre choc en un volume. Celui-ci parle de la guerre au Japon dans les années 1945 et l'histoire est tiré de la vie réelle de la jeune Tomiko Higa. Tomiko, 6ans, qui a été mise en avant grâce à la photo d'archive qui avait été prise à l’époque ou on la voit tenir un drapeau blanc, bancal, et fait de bric et de broc. C'est une enfant qui vit avec son père et ses frères et sœurs, tous plus âgés, du côté des plages d'Okinawa. Pendant la guerre, elle va découvrir jour après jour les atrocités de cette situation d'horreur : Elle va perdre son père mobilisé, son frère pendant un cours "moment de répit" ou elle pensait être heureuse bien entourée, et être séparée de ses deux sœurs pendant leur fuite. Seule, Tomiko est vouée à survivre en se cachant des autres, et en se nourrissant de ce quelle trouve sur son passage. Une situation bien compliquée quand elle découvre tous ces cadavres sur sa route, en espérant bien entendu ne pas tomber sur l'une de ses sœurs morte, c'est assez triste et écœurant à découvrir... D'autant plus que les soldats ne l'aident pas et que certains tentent même de mettre fin à ses jours !
Le titre est poignant par son contexte et la transcription historique des événements. Comme je disais dans l'introduction, j'ai vu et lu pas mal de titre sur la guerre et d'autres événements tragiques historiques, notamment : Je reviendrai vous voir, Le pays des cerisiers, Le tombeau des lucioles, Dans un recoin de ce monde... Tous ces titres m'ont beaucoup touché par leur poésie et leur traitement fort de ces drames qui me touchaient particulièrement au cœur. Malheureusement, je me suis sentie détachée de La fillette au drapeau, je n'étais pas aussi concernée que pour les titres précédemment cités (non pas à cause de son thème, mais vraiment à cause de son traitement) ! Honnêtement je ne pense pas que le manga soit mauvais, il traite de problèmes bien trop importants pour être mauvais, et le fait tout de même de façon habile, néanmoins il lui manque quelque chose. Quelque chose qui le rend captivant et qui rend attachante l'héroïne, ainsi que ses proches...
Je pense qu'il manquait d'abord d'approfondissement au niveau des personnages. Franchement, je ne me suis pas trop attachée aux différents protagonistes à cause d'un manque d'information et de scènes de famille avant le drame. Je regrette qu'il n'y ai eu que 6 pages environ pour introduire le contexte familial de Tomiko par exemple, je pense que le manga m'aurait fait pleuré si j'avais été plus transportée dans cette famille aimante. Autre détail qui m'a dérangé, Tomiko a 6ans dans le manga, le trait de Miyauchi est agréable mais pas une seule fois je n'ai pensé que Tomiko était si jeune ! Pour moi, graphiquement je lui donnais entre 10 et 14ans. C'est embêtant car ça change beaucoup de choses dans le ressenti final ! Vivre ces événements à 10/14ans c'est abominable, mais les vivre à 6ans, je trouve ça encore plus inhumain !
Pendant ma lecture, j'ai tout de même été captivée par l’atrocité de la situation ! Ça fait beaucoup réfléchir et je me dit que ce n'est vraiment pas normal de faire subir ça aux gens, c'est injuste et immoral. La guerre est un fléau et de ce côté là, le manga nous le fait bien comprendre ! Honnêtement, je pense que j'aurais plus apprécié le titre en version écrite. Non pas que le manga soit à ce point décevant graphiquement, mais il y a un côté ou j'aurais aimé imaginer les différentes situations et ou j'aurais apprécier des descriptions plus détaillées.
Photo d'archive de Tomiko Higa.
Je reproche aussi au manga un agencement particulier. Celui-ci est décomposé assez étrangement, autant certaines scènes vont durer sur un bon nombre de pages pour des détails finalement peu intéressants, autant certains passages poignants ou plus impactant pour la suite, ne vont durer que quelques pages seulement. C'est dommage car la force du manga est dans ces passages chocs et son contexte poignant. Les transitions ne sont pas toujours très fluide non plus et le lecteur est aussi surchargé dans sa lecture à cause d'un nombre important de textes de pensée. C'est lourd à digérer dans le sens ou l'on a beaucoup de raccourcis et aussi un bon nombre d’éléments qui auraient mérité une explication dessinée (après tout, nous sommes dans une œuvre graphique et non un roman, c'est dommage)... Un volume supplémentaire aurait été assez judicieux pour tout mettre en place, réorganiser, rallonger l’œuvre et bien formuler l'histoire de A à Z.
Au final, la lecture de ce manga a été intéressante, mais j'en suis ressortie avec un goût assez fade. Je ne suis pas sûre qu'il me restera beaucoup de choses en tête dans quelques mois, ou peut être quelques scènes clés poignantes : Comme les adieux avec le couple de personnes âgées, ou encore la vision du bébé tétant le sein du cadavre de sa mère par exemple...
Pour finir cette critique, j'aimerais parler rapidement de l'édition d'Akata que j'ai trouvé très chouette ! Le volume est sobre, mais agréable visuellement, il reste dans la lignée du thème traité (cad la guerre et sa froideur). L’impression est clean, aucun défaut dans l'encre. Côté texte, c'est plutôt bien agencé et traduit, ceux-ci sont fluides tout en gardant un langage qui n'est pas trop jeune (et qui permet de garder en tête le côté historique). Et gros point positif : On retrouve des explications sur le contexte historique en fin de volume, ainsi qu'une mini BD de l'auteure sur sa phase de recherche pour réaliser le manga et sur tout ce qu'elle a vécu en comprenant la vie qu'avait menée Tomiko Higa. Bref un sans faute pour l'éditeur !
La fillette au drapeau blanc est un titre dur, à lire au moins une fois dans sa vie ! C'est un récit de guerre qui met en avant la population avant tout, et les atrocités qu'elle a vécu. Malheureusement pour moi, c'est un manga qui n'a pas su me toucher autant que je l'espérais, notamment car je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages et que le style graphique n'était pas trop ma tasse de thé. Il n’empêche que c'est un volume unique à découvrir pour comprendre un peu mieux l'époque en question et l'impact de la guerre sur les gens.
Tags : critique, manga, 2017, akata, la fillette au drapeau blanc, tomiko higa, saya miyauchi, shojo, drame, historique, guerre, biographie
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