HISTOIRE | K-shock nous raconte deux histoires en parallèle : D'un côté nous avons la jeune étudiante française Alice. Celle-ci ne s'adapte pas à ce pays qu'elle adorait tant à travers les drama, la culture et la KPOP, elle ne pensait pas que tout serait si différent sur place et que son adaptation allait être si compliquée. Malgré tout elle persiste et commence à travailler à la "Moon guesthouse", elle s'occupe donc des étrangers de passages, y rencontre des gens et apprend peu à peu les coutumes de vie en Corée du Sud tout en assimilant la langue au contact des autres. De l'autre côté nous suivons Jae Sun, un sud-coréen qui n'est autre que le fils de la propriétaire de la guesthouse ou travaille Alice. Celui-ci aide sa mère à la maison d'hôte au début de l'histoire, mais ne rêve que de musique. Un jour une vidéo d'une de ses interprétations en rap se retrouve sur internet et commence à attirer les regards sur lui. L'engouement grandit sur la toile, si bien que Jae Sun se voit poussé à participer à une émission pour intégrer un groupe de KPOP. Tiraillé entre son envie de faire du rap plutôt que de la KPOP et son besoin d'argent, Jae Sun va finalement tenter l'émission et subir le terrible entrainement qu'endurent les idols.

K-shock nous présente à travers ces deux histoires croisées, la Corée du Sud sous ses différentes facettes et aussi ses excès. Malheureusement tout est traité de façon survolée, rien n'est développé faute de format (une centaine de pages et pas de suite pour un sujet si vaste). Christelle Pécout nous montre l'envers de la Corée du Sud avec ses beuveries, sa technologie/ses medias et la façon dont les gens y sont attaché, l'apparence (en nous faisant allusion à la chirurgie), l'entertainement et la difficile vie d'idol... Elle nous montre aussi que la Corée du Sud, ce n'est pas que des paillettes, beaucoup pensent que tout est merveilleux là bas à cause des drama et de la KPOP, c'est bien de redescendre un peu sur terre aussi et voir que tout n'est pas parfait !

L'histoire est travaillée telle que les personnages ne sont pas forcement attachants. On ne les connait pas plus que ça finalement ! Et en parlant de personnage, j'aurais vraiment aimé plus d’interactions entre les deux héros car le lien entre les deux est assez faible. Chacun fait sa vie en parallèle malgré leur lien avec la guesthouse et le peu de passages où on les voit ensemble ne rend pas forcement crédible une certaine proximité. Dommage.

Selon-moi, K-shock devrait plus plaire à un public qui connait déjà bien le phénomène. Beaucoup de termes propre au milieu sont utilisés (ajumma, hyung,...etc), il y a certes un lexique au début pour bien comprendre tout, malheureusement la façon dont les mots sont utilisés est vraiment moyenne. J'avais l'impression que tout était jeté de façon à faire plaisir la communauté de fan qui utilise déjà ce vocabulaire. L'histoire en elle-même parait aussi anecdotique, le fil conducteur est bien là mais tout est agencé pour montrer surtout les différents points cités plus haut. Pour ma part, j'ai été plutôt déçue car K-shock m'a envoyé de la poudre aux yeux. Je connais le milieu mais en tant que fan de Corée du Sud et de son entertainement, je ne peux pas dire que K-shock montre correctement tous les travers de cet univers et qu'il le fait d'une bonne façon, je ne peux pas non plus dire qu'il ferait un bon tremplin pour s'immerger dans la culture Sud coréenne car il souffre de nombreux défauts. Le propos en reste néanmoins très intéressant pour tout fan de drama et de KPOP : La Corée du Sud ce n'est pas que ça !

DESSINS | Les graphismes ne m'ont pas posés problème pendant la lecture mais je dois avouer que je ne suis pas fan du style. Le trait de Christelle Pécout est plutôt fin, sans variations, simple et assez jeté. Les visages sont cependant beaucoup plus travaillés et tendent au réalisme. J'ai été assez perturbée car d'un côté j'avais l'impression que le trait était de type crayonné, mais de l'autre, le côté informatique ressortait beaucoup sur toutes les valeurs de gris et les effets en blanc. Le mix des deux m'a paru assez étrange et finalement peu harmonieux. D'ailleurs en parlant des valeurs de gris, je n'ai pas trouvé ça très joli, autant sur certaines cases ça fonctionne, autant sur d'autre ça assombrit considérablement la lecture. En revanche les décors sont plutôt réussis.

ÉDITION | L'édition est entre le manga et la BD, le format se rapproche d'un manga de collection grand format. Le volume est souple et agréable à tenir, il ne dispose pas de sur-couverture mais profite de rabats intégrés sur la couvertures (cartonnée souple) et l’intérieur est complétement noir et blanc. Petit bémol, le papier qui est assez moyen (enfin c'est l'impression qu'il me donne) et qui a été mal coupé sur la fin de mon volume (pour le coup il est un peu râpeux sur les dernières pages). Pas fan non plus du choix de typographie, une typo plus classique en BD aurait été un plus pour la fluidité de lecture. L'édition est jolie et présente de nombreux plus qui aident pas mal à la compréhension du phénomène : On trouve donc une préface, un lexique de mots coréens, des illustrations des personnages en fin de volume et une note sur le phénomène en général (drama / musique / culture / technologie / tradition). Le volume est tout simple, mais correspond très bien à ce qu'il nous présente !

K-shock est une BD sympathique qui pourra faire découvrir au tout public un petit bout de ce qui fait la Corée du Sud d'aujourd'hui. Malheureusement il est assez difficile d’accès car d'un côté, les fans seront déçus par le survol général du thème et les clichés présentés, et pour ce qui est des novices, trop de termes et la tournure de l'histoire font qu'il sera compliqué pour eux de s'y retrouver ou tout simplement s'y intéresser. Dommage, l'idée de base était pourtant bien pensée !